Le jeudi 7 novembre
2002, aura lieu à Montréal une marche de solidarité
Québec–Mexique ayant pour but, en plus de dénoncer
les projets anti–populaires tels que le Plan
Puebla–Panama et la ZLÉA ainsi que les politiques
migratoires rétrogrades du Canada, de dénoncer la
situation des quelques 500 prisonniÈrEs politiques
actuellement incarcéréEs au Mexique. Vous vous
demandez peut–être ce que les prisonniÈres
politiques du Mexique ont à voir avec nous et avec nos
luttes. J’espère vous convaincre qu’il y a plus de
liens que vous croyez et qu’il est important de
s’informer et de se solidariser avec cette lutte. Si
les luttes sociales s’intensifient au Québec comme
elles semblent le faire depuis les dernières années,
nous aurons probablement nous aussi à composer avec
cette réalité; il faut donc s’y préparer, et nous
avons beaucoup à apprendre des luttes mexicaines.
Qu’est–ce qu’unE PrisonniÈrE Politique?
UnE PrisonniÈrE Politique est incarcéréE parce
qu’elle ou il lutte pour un changement social. C’est
unE militantE conséquentE, prisonniÈrE de l`État.
Cependant, il faut souligner que l’État ne reconnaît
généralement pas le statut de prisonniÈrE politique,
et les considèrent plutôt comme des prisonniÈrEs
communEs. Ce sont donc les militantEs des différentes
organisations qui donnent ce nom à leurs prisonniÈrEs
politiques et non pas ceux qui les emprisonnent.
Pour donner un exemple québécois, en septembre 1966,
Pierre Vallière et Charles Gagnon, militants et
prisonniers du Front de Libération du Québec (FLQ),
emprisonnés à New York, ont entrepris une grève de la
faim « pour la reconnaissance « du crime politique »
au Québec (Canada) et du statut de « prisonniers
politiques » pour tous les partisans du FLQ ». Évidemment,
ce statut ne leur fut jamais accordé, ni à aucunE
autre militantE incarcéréE au Québec ou au Canada. Au
Mexique, ce statut n’est pas non plus reconnu.
Quel traitement reçoivent les prisonniÈres
politiques dans les prisons mexicaines?
Les témoignages de prisonniÈrEs politiques font état
de traitements visant à les déshumaniser, à les désorienter,
à leur enlever leur personnalité.
Il est clair que le but de l`État, en emprisonnant les
militantEs, est :
1. De leur soutirer de l’information sur les autres
militantEs et sur les organisations auxquelles elles
appartiennent dans le but de les démanteler.
2. De tenter de « casser » physiquement (en les épuisant),
moralement et émotionnellement les militantEs pour
qu’ils et elles n’aient plus envie de continuer la
lutte à leur sortie de prison.
Pour arriver à leurs fins, les autorités carcérales
utilisent toutes sortes de techniques de torture
psychologiques et physiques : ils répriment toutes les
décisions individuelles de base des prisonniÈrEs en
les harcelant constamment, leur donnent des coups
causant des lésions et des maladies parfois irréversibles,
ils les isolent, leur font subir des fouilles à nu
plusieurs fois par jour pour les humilier, leur enlève
leur intimité et, dans certain cas, ils les filment
constamment, 24 heures sur 24 ; le tout pour les «
domestiquer », pour générer leur lente agonie.
Effectivement, la plupart sortent de prison très abîméEs
émotionnellement et physiquement.
Même si elles et ils ne sont pas considéréEs comme
prisonniÈrEs politiques, leur traitement diffère
grandement de celui des prisonniÈres communEs. Par
exemple, on leur interdit de parler aux autres prisonniÈrEs
politiques et aux autres prisonniÈrEs communEs. Si
elles et ils défient cet interdit, on les punit en leur
enlevant le droit à la lecture des journaux, en leur
supprimant leur appel téléphonique hebdomadaire ou en
leur interdisant de sortir marcher en dehors de leur
cellule.
Dans le cas spécifique des prisonnières politiques, on
tente de leur enlever leur identité générique en leur
coupant les cheveux et en les habillant avec des vêtements
d’hommes. Éricka Zamora, qui a été en prison
pendant 4 ans à la suite du massacre de El Charco en
1998, raconte que l’une des pires humiliations
qu’elle a subi en prison a été celle de devoir
donner ses serviettes sanitaires souillées chaque fois
qu’elle en nécessitait une nouvelle. Comme quoi les
militantes en prison subissent des humiliations encore
plus grandes que celles de leurs camarades.
En plus de leur faire perdre leur mobilité, de les
faire se sentir comme si elles et ils étaient des moins
que rien, on tente de changer leur mentalité et de créer
des divisions entre les prisonniÈrEs et leurs
organisations. On défait leur vie de couple et on tente
de défaire leurs liens sociaux. Les prisonniÈrEs
parlent d’une tentative « d’extermination du corps
et de l’esprit ». Dans le cas des prisonniÈrEs
politiques, presque toutes les règles sont systématiquement
violées. Elles et ils se sentent impuissantEs et
ressentent une profonde souffrance. Mais,
rappelons–le, il n’y a pas de prisonniÈrEs
politiques au Mexique! Que des délinquantEs!
Comment elles et ils résistent en prison
Les prisonniÈrEs politiques soulignent que « la
conscience, on ne l’emprisonne pas ». Si l’État
arrive à ses fins avec certaines personnes qui ne résistent
pas, cèdent, dénoncent leurs camarades et laissent
effectivement la lutte à leur sortie de prison,
d’autres se fortifient et ressortent plus convaincues
que jamais de la nécessité de continuer la lutte.
Une forme de résistance très efficace est
l’organisation à l’intérieur même de la prison,
avec les autres militantEs mais aussi avec les prisonniÈrEs
communEs pour obtenir des droits, comme par exemple en
ce qui concerne la nourriture et les conditions générales
de vie dans la prison.
CertainEs développent d’autres stratégies comme par
exemple le chant, la peinture, l’écriture, etc.
L’appui des camarades, de la familles et des amiEs est
vital, de même que la communication et l’information
venant de l’extérieur. Recevoir des lettres est
d’un réconfort qu’on ne peut s’imaginer de ce côté–ci
des barreaux.
Un aspect fondamental relevé par les ex–prisonniÈrEs
politiques est celui de la préparation « avant » de
tomber dans cette situation. En effet, il est
fondamental de se préparer psychologiquement,
politiquement, socialement et physiquement à cette éventualité.
Il faut savoir, lorsque nous militons, à quoi on
s’expose et savoir où on se situe dans la lutte. Il
faut avoir les éléments pour comprendre ce qui nous
arrive et pourquoi cela nous arrive. Il faut, dans nos
organisations, se préparer pour faire face à la peur
et connaître et respecter les éléments de base de la
sécurité. Évidemment, le but est de ne pas se faire
emprisonner! Il est important d’avoir une formation
politique solide et de nous développer intégralement
comme êtres humains; connaître nos faiblesses et les
travailler. Il faut savoir que si jamais on se fait
emprisonner, il y a une organisation à l’extérieur
pour nous appuyer : avant, pendant et après.
Notre rôle en dehors des barreaux
Il est important de construire un réseau
d’information et de conscientisation en dehors. Il
faut faire connaître la lutte pour la libération des
prisonniÈrEs politique à tous les niveaux.
La « Coordination Nationale pour la Libération des
Prisonniers Politiques et de Conscience » du Mexique
souligne l’importance fondamentale de la solidarité
internationale dans cette lutte. En effet, la pression
internationale sur le gouvernement fédéral de Vicente
Fox est vital. Ce gouvernement se prétend démocratique
et ouvert et clame bien haut que le Mexique est un pays
où les droits humains sont de première importance et
respectés. Il se permet même d’aller faire la morale
à Cuba en matière de droits humains! Avec plus de 500
prisonniÈrEs politiques dans le pays, on se demande
avec quelle autorité morale Fox parle de droits
humains. Ce gouvernement ne saurait qu’être sensible
à la critique internationale. Il a son image de démocrate
et de promoteur des droits humains à préserver. Il est
important que les autorités mexicaines sachent que les
gens savent à l’extérieur du pays que tout cela
n’est que mensonge. Ces pressions sont vitales pour
que se vote une lois d’amnistie et pour que soient libéréEs
les prisonnières et prisonniers politiques.
Il faut dénoncer les violations des droits humains qui
sévissent toujours au Mexique.
Il faut appuyer la lutte pour que le gouvernement vote
une lois d’amnistie pour la libération de touTEs les
prisonniÈrEs politiques au Mexique.
Parce qu’elles et ils luttent pour un monde meilleurs,
dans un pays où plus de 70% de la population vit sous
le seuil de la pauvreté, plus de 500 militantEs sont
privéEs de leur liberté, sous de fausses accusations
(délits de droit commun), basées sur de fausses déclarations,
soutirées sous la torture.
Leurs luttes sont les mêmes que les nôtres. Nous ne
voulons pas vivre dans des sociétés inégalitaires basées
sur l’exploitation et sur l’oppression. Nous voulons
vivre librement et décider, ensemble, de l'orientation
à donner à nos vies.
Non à la ZLÉA!
Non au Plan Puebla–Panama!
Non à la déportation des réfugiéEs au Canada et au
Québec!
Pour la libération des prisonniÈrEs politiques
mexicainEs et pour la loi d’amnistie!
Manifestation le jeudi 7 novembre à 12h. : Départ à
CONCORDIA devant le Hall building (métro Guy-Concordia)
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