Lettre d'appui à l'appel de
solidarité du FODEG (12 juin)
Cet appel de solidarité avec les
prisonnierÈREs politiques mexicianEs est super urgent. Faut-il
rappeler le lien avec les luttes actuelles conte la Zone de Libre
Échange des Amériques... Les prisonniÈREs politiques sont, pour
la grande majorité, des militantEs des communautés indigènes et
paysannes qui luttent pour l'amélioration de leurs conditions de
vie qui se détériorent de jour en jour avec l'application des
politiques néolibérales et les
ajustements structurels imposés par le FMI et
mis en place avec grand plaisir par le gouvernement mexicain. Avec
ces politiques et ces mesures sociaux-économiques, vient la
présence de plus en plus marquée et violente de l'armée
mexicaine et des paramilitaires dans les communautés du sud du
pays (Chiapas, Oaxaca, Guerrero, Michoacan, etc.) L'intimidation,
le pillage, les agressions sexuelles, le harcèlement, etc., font
parti de la vie quotidienne.
La vie à la campagne est chaque jour plus
impossible. Pour respecter ses engagements envers le FMI et le
l'Accord de Libre Échange Nord Américain (et aussi parce que ça
fait son affaire...), le gouvernement mexicain a, depuis 1994,
réduit considérablement les ubsides à l'agriculture et les
programmes sociaux. Le Mexique importe actuellement une grande
partie de la nourriture de base (entre autres le maïs) des
États-Unis (et dire que le maïs est une plante indigène
mexicaine...). De plus en plus de paysanNEs et d'indigènes
migrent vers Mexico (la capitale) pour grossir, mais la masse des
travailleuses et des travailleurs informels qui sont victimes de
harcèlement ou alors tente leur chance vers les États-Unis.
Plusieurs centaines de ces migrantEs meurent chaque année en
tentant de traverser la frontière (15 la semaine dernière...).
Avec la crise économique et la mise en marche
du Plan Puebla Panama (une cinquantaine de communauté de Monte
Azul, dans la Sierra Lacandona, au Chiapas sont présentement
menacées d'expulsion pour la mise en oeuvre du corridor
biologique, partie intégrante du Plan Puebla Panama, puis,
éventuellement, de la ZLEA), la situation se détériore. C'est
vraiment incroyable qu'un pays aussi riche en ce qui concerne ses
richesses naturelles (troisième mondialement pour la diversité
biologique) et ses richesses cultuelles en soit rendu à une
situation de misère aussi extrême. Croyez-moi, il y aurait de
quoi dans ce pays pour nourrir tout le monde... Cette situation
intenable est directement reliée aux politiques néolibérales,
entre autres, les privatisations massives (l'Argentine, ça vous
dit quelque chose?) et une économie orientée vers l'exportation
(maquiladoras, agroindustries, biopiraterie, etc.).
Les prisonniÈREs politiques au Mexique luttent
contre cette situation extrême. PlusieurEs d'entre elles-eux sont
des personnes qui ont décidé de donner leur vie pour faire de
l'alphabétisation et du travail social dans les communautés.
Plusieurs sont actuellement en grève de la faim pour exiger leur
libération. Elles ont été torturées et forcées à signer des
fausses déclarations de culpabilité. Certaines d'entre elles se
trouvent dans un état de santé critique après 30 ou 50 jours de
grève de la faim. Leur vie est en danger, mais elles
n'abdiqueront pas, la lutte est trop importante à leurs yeux
pour arrêter à cause de leur situation personnelle précaire.
La majorité des États ont voté pour une lois
d'amnistie pour les prisionnierÈREs politiques. La prochaine
étape est au niveau fédéral. Pour que cette loi d'amnistie
passe, la pression nationale et internationale est essentielle. La
lutte au niveau nationale est bien entamée. Des groupes d'appuis,
composé en majorité de gens des communautés, viennent à Mexico
sur le pousse (ils n'ont évidemment pas d'argent), campent sur la
place centrale dans des conditions difficiles (ils mangent de ce
que la population veut bien leur donner...) et font pression sur
les autorités fédérales.
Le président Fox, qui se prétend être un
grand démocrate, serait certainement sensible à des
manifestations d'appui internationales. Toute forme d'action qui
pourrait être publicisée dans les journaux mexicains (et si des
actions sont entreprises, elles seront publicisées) seraient les
bienvenues. Ce serait une façon concrète de lutter contre les
injustices liées au néolibéralisme et à l'ALENA et et qui
iront en s'empirant avec la ZLEA (la militarisation et
la"maquilarisation" du sud-est du pays est déjà bien
entamée).
Si jamais des telles actions de solidarité sont
entreprises, s'il vous plaît, envoyez les détails et des photos
à l'adresse électronique indiquée par
Éric.
Pour votre solidarité, merci.
M. G.
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